19/3/14

HAITI: UN PARTENAIRE DOMINICAIN SOUS ESTIMÉ

Par.: Richadson Louius
Master en Commerce et Relations Economiques Internationales

Au cours des trois dernières décennies, Haïti a subi des événements de différentes natures qui ont atténué son image internationale et eu de graves répercussions sur la vie de ses habitants. Une instabilité politique qui perdure et plusieurs catastrophes naturelles : ouragans en 2004 et 2008 aux Gonaïves, séisme de 2010 et une épidémie de choléra.

Dans une telle situation, la classe dirigeante d´ Haïti n´a pas su entreprendre des initiatives pouvant améliorer les conditions de vie de la population, et encore moins, présenter et défendre l'image du pays dans ses relations avec ses pairs dans le concert des nations. Elle s´est concentrée sur la gestion de ¨crises internes¨.

La nature a horreur du vide, dit-on. Entre-temps, ses relations avec la République dominicaine s´accroit d'une manière disproportionnée. L'immigration haïtienne (main-d`oeuvre, étudiants entre autres) en plein essor et une balance commerciale entre les deux pays qui se développe épouvantablement en faveur de la République dominicaine.

Dans un tel scénario, en République dominicaine on a créé et favorisé un discours dans lequel Haïti est considérée comme étant un ¨fardeau¨ pour sa république voisine au lieu de l´attribuer sa juste valeur.

Pour la République dominicaine , sa relation avec Haïti est une relation de ¨charité ¨ justifiée par les soins de santé offerts aux Haïtiens dans ses hôpitaux, l'aide donnée à l'occasion du tremblement de terre du 12 janvier, notre présence dans les écoles et les universités, l´acceptation de notre main d'œuvre dans l'agriculture , la construction et le tourisme, ect.

Cependant, la réalité est différente. Les statistiques le confirment. Selon le Rapport sur ​​les dépenses des étudiants étrangers en République dominicaine publié en 2012 par la Banque centrale dominicaine 73,5 % des étudiants universitaires étrangers sont haïtiens, ce qui représente $US 7,2 millions par mois, une contribution millionnaire à l'économie dominicaine.

En outre, les soins de santé ne peuvent pas être une charge, surtout quand ils  sont obtenus  par une communauté qui est un élément clé pour l'économie dominicaine. Paradoxalement, les secteurs dans lesquels la main d'œuvre haïtienne occupe 80 % : la construction, l'agriculture et le tourisme (dans une moindre mesure ) selon le discours officiel, sont les piliers de l'économie dominicaine.

En ce qui concerne le commerce, il ya une dure réalité, sans doute motivée par la situation interne d'Haïti décrite ci-dessus. La partie de l´Ouest de l´île exporte vers celle de l´Est de manière informelle et incontrôlable tandis que les restrictions sur les produits haïtiens sur le marché dominicain sont évidentes. Les statistiques officielles classent Haïti comme deuxième plus grand partenaire commercial de la République dominicaine.

Mais ces réalités ne sont pas prises en compte dans l'opinion publique ni l'ordre publique.

Bien avant l'impasse bilatérale actuelle commencée en milieu de l´année dernière, j'ai prêché qu'une relation amicale entre les deux pays partageant l'île nécessite inévitablement une juste valorisation réciproque des deux parties. Il est vrai que la République dominicaine est utile à Haïti, mais pas moins Haïti pour la République dominicaine.

Tout au long de l´étude de ma licence en Diplomatie et Relations Internationales et maitrise en Commerce et Relations Economiques Internationales dans des universités dominicaines j´ai profité de chaque instant pour expliquer cette réalité. Soit á travers mes opinions dans les discussions en classe, dans les couloirs, et parfois, j´ai même demandé aux  professeurs l´opportunité pour exposer sur ce sujet.

Sans cette prise de conscience et une valorisation réciproque  adéquate le dialogue lancé le premier lundi du mois Janvier dernier, sous la médiation de la République bolivarienne du Venezuela, ne pourra pas permettre de résoudre les problèmes auxquels font face les deux pays.